Le jour où Sébastien Drumeaux a rendu hommage à PSE

Le 18 septembre 2024, quatorze ans jour pour jour après la disparition de Patrick Saint-Éloi, Sébastien Drumeaux a choisi de rendre hommage à celui qui a marqué toute une génération en dévoilant, Chanjé, sur ses réseaux sociaux.

https://sebastiendrumeaux.com/

Enregistré dans le légendaire studio Debs, Chanjé est un véritable exercice de style dans la pure tradition du zouk des années 80. Sébastien Drumeaux a réuni autour de lui une équipe de musiciens de grand talent : Michel Alibo à la basse, Arnaud Dolmen à la batterie, Ralph Lavital à la guitare, et aux chœurs Meemee Nelzy et Patrice Coyo.

Avec Chanjé,  Sébastien Drumeaux a pleinement su répondre à son l’ambition musicale, en renouant avec l'esprit et la profondeur sonore des premiers albums de Patrick Saint-Éloi, où la richesse des arrangements créait une véritable identité musicale...et je ne parle même pas de cuivres...bref...en résumé : "ÇA C'EST LE ZOUK!!!!"

Dans ce morceau, Georges Drumeaux s’est mis au service de l’artiste afin de lui écrire une vraie lettre à cœur ouvert. Sébastien s'adresse directement à Patrick Saint-Éloi, comme on le ferait à un ami, exprimant un regret face à ce qui semble perdu. Il déplore la vie, qui tout comme la musique, a changé, lui laissant un goût amer. Pour autant, au cœur de cette mélancolie, les paroles de Saint-Éloi continuent d'être pour lui une source d'inspiration, permettant de transcender cette réalité morose.  Et bien que le texte respire la nostalgie, il se conclut sur une note d'espoir :

Pawol pawol poko maké

Atann dèmen pou nou touvé

Pawol pawol poko maké

Atann dèmen pou nou chanté

Enfin, le visualizer qui se termine par un clin d’œil de  Patrick Saint-Éloi m’a provoqué un vrai pincement au cœur et une petite larme à l'oeil en pensant à cet artiste que j’ai moi également perdu, à ce zouk qui me manque souvent.

En écoutant Chanjé, je ne peux m'empêcher de ressentir cette envie irrépressible de danser, de chanter. Chaque note me pousse à bouger, à me laisser emporter par l’énergie du morceau. Pour moi, cela prouve une nouvelle fois que Sébastien a parfaitement réussi son pari et je tiens particulièrement à le remercier pour m’avoir procuré autant de plaisir.

J'ai donc partagé cette découverte avec plusieurs amis en sollicitant leurs avis. Après avoir échangé avec plusieurs, certains m'ont confié que Chanjé était pour eux une musique d’esthètes qui ne trouverait pas audience sur nos ondes. Et, quelque part, cette réflexion me désole un peu. Le zouk, tel que Sébastien l'a conçu, était le genre de musique qui passait à la radio dans les années 80. Aujourd'hui, ce style serait il réservé qu'aux mélomanes de plus de 50 ans? Si c'est le cas, je trouve vraiment domaj que cette musique populaire se soit à ce point paupérisée.

Pour autant, le zouk continue de bien vivre, même si la qualité n'est pas toujours au rendez-vous. Hors de nos frontières, des artistes comme Aya Nakamura, Dadju, et bien d'autres encore, en sont les héritiers. Ce qui m’interpelle également.

Ni la Guadeloupe ni la Martinique ne semblent vraiment récolter les fruits de cette riche tradition musicale. Mais pourquoi? Pourquoi le zouk, pour la Guadeloupe et la Martinique, n'est pas ce que le reggae est pour la Jamaïque? On viendrait enregistrer ici pour avoir la Gwadloup Touch. On ne trouverait pas de professeur de zouk qui dans son parcours n'a jamais fait un pas sur nos pistes. Le New Land serait un lieu mythique comme l'est le Studio 54. On aurait un festival du zouk vraiment international, et non un FIZ moribond...Le musée du Zouk serait érige au Moule et non en Angola...Il y aurait des thèses, de la création artistique et soyons fous: une politique culturelle! Le Bouyon n'aurait peut être jamais existé sous cette forme... Peut-être, peut être qu’il est encore temps de réécrire cette histoire. Et vous? Qu’en pensez vous?